Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Nico et Nelly en Amérique du Sud
9 août 2014

La rentrée

Il est 6 heures du matin. Le réveil (les portables) sonne. On se lève, on s'habille, on prend un bon petit-déjeuner (car la pause de midi est à ...13h30) et on s'en va.

 

On arrive dans le métro vers 7h. Il y a du monde mais on n'est pas trop serrés même si on est debout. On a 9 arrêts avant de changer pour prendre un bus. En 15 minutes environ, on sort du métro. Et là, c'est le drame. Où doit-on prendre le bus ? On connait l'endroit (car on y est déjà passés devant à vélo) mais on ne le voit pas : il y a plein d’arrêts de bus, qui se situent à différentes sorties de métro. Après 10 minutes de recherches : en faisant sortie de métro en sortie de métro, on trouve l'arrêt de bus qu’il nous faut. Il y a la queue pour prendre le bus (les gens sont d’un calme olympien : en file indienne, sans essayer de gruger des places). Le bus C18 est là et le chauffeur fait monter les passagers. On rentre dans le bus. On est comprimés comme « des sardines », on se demande quand le chauffeur décidera de fermer les portes. Le bus sera finalement rempli au maximum : 24 personnes assisses et 76 debout (peut-être même plus). C'est comme à Chamonix (les bus qui font les navettes jusqu'aux stations de ski).

 

Au bout de 3 arrêts, on a un peu plus de place : beaucoup de personnes sont déjà descendues et il n'y a presque personne qui monte. La veille, Nico avait regardé combien il y avait d'arrêts (5) et le nom de l'arrêt où il faut descendre. On descend donc au 5ème mais Nico a un doute sur le nom. On décide donc de rebrousser chemin et on marche, on marche...On est censés tomber sur la rue « Espoz » mais cette rue n'arrive jamais (on a acheté un plan avec le nom des rues, mais bien sûr, aucun de nous deux a pensé à le prendre!) Au bout d'un moment, on reconnaît une rue et on se rend compte qu'on est allés trop loin. Il faut donc remonter cette rue. En fait, on était descendus au bon arrêt mais il fallait aller dans l'autre sens pour tomber sur cette fameuse rue « Espoz ».

 

On arrive à l'école aux alentours de 8h. On se dit que la prochaine fois, on devrait mettre moins de temps. Le gardien nous ouvre la porte et on va « pointer ». On doit rentrer notre RUT (souvenez-vous, c'est ce numéro qu'on a obtenu au bout de la 2ème fois) en l’inscrivant à l’aide d’un stylet et d’un écran tactile d’une machine. Au Chili, sans RUT, vous ne pouvez rien faire. Une seule solution : l'apprendre par cœur, tout comme son numéro de téléphone portable. La machine sort un ticket (pour dire que tu es arrivé : « entrada ») et éventuellement un deuxième, si tu as droit à un ticket gratuit pour manger à la cantine (uniquement si tu as cours l'après-midi). Nico reçoit ce deuxième ticket vu qu'il finit à 16h. C'est exactement le même sauf qu'à la place de « entrada » il est écrit « almuerzo ». Nelly est remplaçante et n'a donc pas ce fameux ticket gratuit vu qu'elle finit à 13h30 ce jour-là.

 

La journée de Nelly, racontée par Nelly : J’arrive à 7h50, je me dirige vers Cécile : qui indique aux remplaçants où il faut aller. Avant le bureau de Cécile, je passe par le bureau de la secrétaire : Patricia, qui m’indique qu’elles bossent toutes les deux à partir de 8h15 (sachant que les cours commencent à 8h30, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour se mettre en condition dans la classe à remplacer, mais bon…)

Je décide donc d’aller à la bibliothèque (qui ouvre normalement à 8h00, mais à 7h55 elle est déjà ouverte et est déjà convoitée par une bonne dizaine d’élèves (ce nombre est à multiplier par au moins 3 quand il pleut). La nana (ça fait bizarre d’utiliser ce mot, parce que nana à Santiago signifie : la bonne, mais ici je parle bien de la nana dont on parle en France) donc, la dame qui s’en occupe est super sympa (elle est chilienne, comme la plupart du personnel de l’école, je n’ai donc pas retenu son prénom qui n’est pas commun Macna (ou quelque chose comme cela)), sa collègue n’est pas encore arrivée, elle a donc plein de choses à faire, alors c’est une élèves de CM1 qui me fait la visite. Macna viendra nous rejoindre ensuite pour m’expliquer certaines choses, : j’emprunte quatre bouquins qui pourraient me servir de la maternelle au CE2.

Je retourne ensuite voir Patricia et Cécile pour savoir s’il y a un remplacement à faire. J’y trouve Camille (une nouvelle qui est remplaçante aussi). On nous dit que pour aujourd’hui, il n’y a qu’un remplacement à faire : et qu’il se trouve à Chamiséro (donc pas à côté, mais le directeur peut nous y emmener en voiture) et pour une classe de maternelle. Je ne suis pas emballée par l’affaire, mais s’il faut… Camille habite plus près de l’école et maitrise beaucoup plus l’espagnol que moi (parce qu’il faut savoir que les élèves parlent constamment espagnol, et encore plus dans les petites classes), elle se propose donc d’y aller : je suis plutôt rassurée. Je lui prête les bouquins que je viens d’emprunter (ça peut lui servir). On m’indique qu’un enseignant Alain sera en formation à Buenos Aires la semaine d’après, du coup, je suis en co-intervention dans sa classe pour la matinée. (8h30 -10h ; 10h15- 11h45) Les élèves sont plutôt sages (même s’il y en a un qui se mettra à manger en plein cours, mais dans ce cas-là, Mr Mentzer ne plaisante plus, « n’est-ce pas » (comme il dit souvent avec son accent alsacien qui me fait un peu penser à l’accent suisse). A la récréation de 10h, un collègue de CM2 : Sebastian me demande si je peux le remplacer de 12h à 13h30 (il doit aller visiter une maison pour la louer) : pas de problème, je suis là pour ça, et les CM2 ça me convient mieux que la maternelle. En plus, tout était préparé. Ses élèves sont d’une sagesse incroyable. Ils doivent faire un exercice sur l’accord du participe passé : je leur pose des questions sur le sujet, on fait un rappel, des exemples, et c’est le silence complet… à part les 3 ou 4 qui participent. Je me demande s’ils comprennent, si je parle trop vite (car je sais que 80 % des élèves de l’école ne parlent que la langue espagnol en dehors de la classe). Je laisse les explications au tableau avec quelques exemples et ils font les exercices sur leur cahier, je circule et m’aperçois qu’ils avaient bien compris, c’était juste qu’ils étaient ultra calme (je n’ai pas l’habitude, à Ferney, c’était.. comment dire ??… plus vivant et moins reposant). Ils me demanderont ce qu’est une oie, une estrade… cela fait bizarre venant de CM2, mais vu le contexte, ça se comprend… Si je pouvais avoir le même niveau d’espagnol que le leur en français, ce serait le top ! On poursuivra avec de la lecture. La journée se termine à 13h30, c’était une super matinée ! Bien entendu, tête en l’air comme je suis : j’oublie de pointer à la sortie, mais je laisse un message à Nico pour qu’il pointe à ma place (nos RUT commencent par les mêmes chiffres, seuls les 3 derniers sont différents). Je vais à présent retirer de l’argent (200 000 pesos) et faire les courses, notamment pour acheter un étendard, car il est temps de faire une lessive (avec 2 valises, enfin 3 pour Nelly et qu’une seule pour Nico, celui-ci se retrouvera bientôt sans rien !!!).

 

La journée de Nico, racontée par Nico :

 

Tout d'abord, je souhaite me rendre dans ma classe mais elle est fermée. Je vais donc à la recherche du gardien pour qu'il m'ouvre. Je viens de perdre environ 10 minutes. Heureusement, je ne commence la classe qu'à partir de 10h15 (après la 1ère récréation de 10h). De 8h30 jusqu'à 10h, je dois être en réunion avec les autres enseignants de CM2. Je me rends donc dans la salle des maîtres pour aller faire quelques photocopies. Il y a un code. Heureusement, celle que je remplace m'avait donné le sien. Tout est écrit en espagnol mais j'arrive à comprendre. Une photocopieuse reste une photocopieuse. Les dessins sont les mêmes qu'en France. Néanmoins, vous allez voir que ça ne va pas être si facile que ça. Tout d'abord, les feuilles n'ont pas le même format qu'en France et elles ne sont pas toutes identiques.

 

Il est 8h30 environ et on est 2 dans la salle (les 2 nouveaux). Et on n'arrive pas à faire des photocopies recto-verso. On fait plusieurs essais (certaines feuilles sortiront « toutes noires ») mais à force d'insister, on y arrivera. La journée commence bien : 15 minutes de perdues au moins. La salle des maîtres commence à se remplir. On demande si la réunion a bien lieu ici. On nous répond que oui. A 8h50, tout le monde est arrivé. Sébastian est désigné par les autres comme le « chef de réunion ». Il ne semble pas trop quoi dire. Son collègue, Jean-Charles, vient à son secours et propose quelque chose. Soit on travaille sur des progressions (pour les nous enseignants, ce sont des choses qu'on fait en début d'année en général, c'est comme notre « plan de l'année ») soit on va boire un café à la cafétéria. Très vite, la 2ème solution est retenue. Sébastian s'adresse à nous (Jean-Charles, encore un, l'autre nouveau et moi). Il nous propose de faire une visite du lycée que l'on a eu à moitié. On accepte.

 

Premier arrêt : la bibliothèque (rien à voir avec celle de Ferney: celle-là, c'est une vraie et il y a quelqu'un qui s'en occupe, il y a plein de livres, de documents…, bien rangés et des chaises, des banquettes ou des poufs pour lire tranquillement). On nous explique certaines choses : ça a l'air d'être super. Sébastian nous fait signe qu'il faut aller voir la suite. Et là, il nous amène directement à ...la cafeteria. On y bougera plus jusqu'à environ 9h45. On nous offre un café ou un thé (dommage, je n'aime ni l'un ni l'autre). Et on discute. Cette journée de réunion est rebaptisée « accueil des nouveaux ». 2 clans se forment rapidement : les hommes (4) et les femmes (3). C'est cool d'avoir des collègues masculins! On discute « montagne, parapente, vacances »,etc...MAIS pas « école ».

 

A 9h45, Sébastian indique qu'il va dans sa classe et tout le monde en fait de même. Je vais de nouveau à la recherche du gardien pour qu'il me ré-ouvre ma classe. Je vais perdre un peu moins de temps cette fois-ci. A 10h, je suis de surveillance de récréation (la seule fois dans la semaine vu qu'on est très nombreux : ça c'est super!). En fait, on reçoit chaque mois un planning avec le jour où l'on doit surveiller l'immense cour ainsi que l'endroit (on est seul dans un coin de la cour). Ce n'est pas très drôle et je m'ennuie (heureusement, c'est qu'un jour par semaine). Mais au moins, on est plus attentifs aux comportements des élèves. En même temps, personne ne s'insulte ni ne se bat : la surveillance de la récréation est tranquille ici (ça change de Ferney où on n'a pas une minute!). Aucun élève ne viendra m'embêter ou me poser des questions. Je suis comme un fantôme au milieu d'une marée d'élèves qui parlent tous en espagnol!

 

10h15, la cloche sonne. J'invite les élèves de la classe (CM2 H) à rentrer. Pas besoin de se mettre en rang puisque la classe est dans le coin de la cour. Je n'ai pas trop de chance, je suis dans un pré-fabriqué. Il fait très chaud à l'intérieur (le radiateur est à fond: je le baisserai un peu plus tard). Je me présente et on se met au travail. Je me rends compte assez rapidement que le niveau en conjugaison est très bas (moins bon qu'à Ferney) et qu'ils ne sont pas très bons en Mesures (comme à Ferney, ça ne me change pas). J'essaie de leur expliquer tant bien que mal! Mais ce n'est pas évident car ceux qui ont besoin d'écouter n'écoutent pas.

 

Certains élèves n'ont pas une très bonne attitude mais je reste assez calme (ce n'est que le 1er jour, soyons soft). A Ferney, les sanctions seraient déjà tombées. En vrac, voici ce qui m'agace intérieurement :

  • Il y en a un qui regarde constamment par la fenêtre, 2 qui se balancent sur leur chaise, 4 ou 5 qui jouent avec leur matériel (règle, ciseaux), une qui parle tout le temps et beaucoup qui dorment (enfin, c'est l'impression qu'ils me donnent).

Heureusement, 4 ou 5 élèves participent mais ils ne lèvent pas le doigt et parlent donc en même temps. Je me dis donc intérieurement : « Whaouh, il y a du boulot ! ». Je me demande comment ça se passait avant. Comment faisait l'enseignant pour supporter cette attitude ?

 

Je passerai ma journée à faire beaucoup de remarques. Mais j'ai essayé d'en laisser certaines de côtés. On arrivera quand même à travailler. Et on prendra un long moment pour discuter.

 

La première journée se termine. Mon sentiment est partagé. Je suis content de travailler dans cette école. Les conditions sont bonnes mais en même temps, mes élèves m'inquiètent un peu. Je vais essayer d'y aller en douceur pour faire en sorte que ça se passe bien. Sébastian (un collègue de CM2) va vite me rassurer en m'indiquant qu'il pense que c'est une classe qui n'a pas été « serrée » en début d'année. Il m'invite donc à continuer ce que j'ai commencé à faire et de les faire changer. Enfin, ils ne sont pas tous irrespectueux mais un bon tiers l'est (8 ou 9 sur 27). On verra bien le lendemain...

 

A bientôt

 

Nelly et Nico

Publicité
Publicité
Commentaires
Nico et Nelly en Amérique du Sud
Publicité
Archives
Pages
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 19 718
Publicité